Article : 30 mars 2015
THE ELEPHANT IN THE DINING ROOM
Cette expression typiquement anglaise s’emploie pour parler d’une vérité évidente que tout le monde feint d’ignorer. Elle s’applique parfaitement à l’implication des règles dans la genèse du cancer du sein. Ce raisonnement pourrait s’appliquer également à la relation règles - endométriose.
La relation règles/cancer du sein est l’éléphant dans la pièce : évidente, on feint toujours de l’ignorer. Car comment comprendre que d’un coté les évidences s’accumulent sur le risque cancérogène des règles et que d’un autre coté aucune conclusion n’en soit tirée. L’éléphant est très vieux et énorme :
L'éléphant ne se laisse pas voir facilement à des non spécialistes, tant il est difficile de faire le lien entre un phénomène aussi anodin et naturel que les règles... et le cancer. De plus, les deux événements sont souvent éloignés l’un de l’autre ( 60% des cancers surviennent après la ménopause ). Le problème est donc semblable à la relation cancer du poumon/tabagisme où le cancer survient longtemps après l’arrêt du tabac. Néanmoins comme dans le cas du tabac, les faits sont têtus : la relation existe bel et bien et repose sur des bases scientifiques.
UN TSUNAMI
Toutes ces informations sont facilement accessibles sur internet et ne peuvent être ignorées. Et pourtant, la responsabilité des cycles dans la genèse du cancer du sein, n’est jamais explicitée. Dire le caractère cancérogène n’est pas « médicalement correct », est très embarrassant et serait source de conflits majeurs. Car cela aurait l’effet d’un raz de marée emportant avec lui tout un pan de la gynécologie : tout le marché de la contraception ( pilules œstroprogestatives, stérilet, contraception naturelle ) en dehors de Cerazette, celui des traitements hormonaux de la ménopause, celui des protections hygiéniques. A long terme, la prévention de l’endométriose et du cancer du sein, diminuerait l’activité des cliniques et hôpitaux. Certains grands centres anti cancéreux spécialisés dans le cancer du sein ne pourraient y survivre. Les centres de planning familial spécialisés dans l’IVG seraient aussi une victime collatérale de la généralisation de la suppression des règles.
Les médecins et en particulier les gynécologues et les cancérologues verraient leur recrutement baisser et devraient expliquer pourquoi pendant tant d’années, ils sont restés muets sur le sujet. Ils auraient alors à renier leur attitude passée s’exposant ainsi à des procès. De même pour les pouvoirs publics et les laboratoires qui pourraient être accusés comme dans le cas du sang contaminé de complicité.
Pour les femmes, le choc serait rude car comment comprendre qu’une fonction si naturelle peut se révéler dangereuse ? Il leur faudrait accepter de supprimer leurs cycles, et donc de prendre une pilule sans règles même en absence de vie sexuelle tout au long de leur vie. L’Eglise qui interdit toute contraception, serait confrontée à un dilemme sans pareil. Mais quel bonheur de vivre sans règles et sans crainte de grossesse non désirée et d’endométriose tout en agissant sur le risque de cancer du sein. Au lieu d’attendre passivement la sanction d’un dépistage, les femmes deviendraient des actrices à part entière d’une véritable prévention du cancer.
CONCLUSION
L’éléphant a de beaux jours devant lui d’autant qu’il n’est pas né d’hier. Depuis 40 ans que je fais ce métier, rien a changé, les cancers du sein continuent de gâcher et prendre la vie des femmes. Comment ne pas s’interroger sur cet échec patent de la médecine ? Le dépistage du cancer du sein par mammographie pourtant organisé et national depuis l’an 2000, n’a pas diminué l’incidence ni la mortalité par cancer du sein. Seule la diminution de la prescription des traitements hormonaux de ménopause a été efficace sur la diminution de ce risque. Autre information que les médias spécialisés se sont bien gardés de dévoiler. Il serait temps de regarder enfin l’éléphant.