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RÈGLES : HYGIENE INTIME


Jamais de savon même à usage intime dans les régions intimes (vulve, anus).

On confond l'hygiène des mains et celle des parties intimes : les premières doivent être savonnées car les germes présents ne sont pas les nôtres, les secondes juste rincées car dans ce cas, il s'agit de nos propres germes.

Uniquement l'eau sous pression de la douchette sans toucher.

Les germes des tissus intimes participent à nos défenses immunitaires. Les détruire va à l'encontre des processus physiologiques de défense.

Le vagin sécrète son propre savon

Les muqueuses n’existent pas à nu : elles sont recouvertes par un biofilm hydrolipidique ( figure 1 ) indispensable au confort vulvaire. Il est précieux à double titre. D’une part, parce que ce film assure une lubrification nécessaire aux mouvements de la vulve dans la vie quotidienne. D'autre part parce qu’il contient les germes spécifiques de défense. En effet la nature n’a pas attendu la découverte des antibiotiques et des antiseptiques pour se défendre contre les infections génitales :
le vagin sécrètre son propre savon à savoir de l'acide lactique produit pas ces bacilles de Doderlein. Ce savon naturel conçu pour la défense d’un milieu où naît la vie, a fait la preuve de son efficacité depuis plus de 3 millions d’années. Ces lactobacilles, ainsi nommés car ils sécrètent de l'acide lactique sont nos alliés. Cet acide lactique permet de maintenir un pH acide protecteur dans la région vulvo vaginale. Dans un vagin bien équilibré, ces bacilles ne laissent pas de place pour d’autres germes, en particulier l’un d’entre eux appelé Gardnerella, responsable de pertes malodorantes.

De même dans la région anale, il existe une autre flore saprophyte encore appelée symbiotique, essentiellement des colibacilles qui empêchent le développement de germes indésirables dont les champignons.


Figure 1: biofilm lipidique recouvrant les cellules de la muqueuse.
Role protecteur de la flore de Doderleïn. Lepargneur JP, Rousseau V.J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris). 2002 Sep;31(5):485-94.


Résumé :
La flore vaginale saine est composée du bacille de Doderleïn (diverses espèces de lactobacilles) formant un biofilm sur la muqueuse. Ces bactéries jouent un rôle protecteur en inhibant la croissance, l'adhésion ou l'expansion d'autres micro-organismes. Pour ce faire, différents mécanismes sont déployés dont notamment la sécrétion d'acides organiques, la production de substances antimicrobiennes (peroxyde d'hydrogène, bactériocines, biosurfactants), la compétition vis-à-vis des nutriments (arginine désaminase), la compétition vis-à-vis des sites récepteurs (adhésion à l'épithélium), l'exclusion stérique (biosurfactants, adhésion à l'épithélium ou à la fibronectine) et la co-aggrégation. Cet équilibre écologique est parfois remis en cause par l'utilisation de médicaments (antibiotiques et spermicides) ou dispositifs à usage local. Afin de restaurer une flore saine, une nouvelle approche thérapeutique est envisageable : l'utilisation de probiotiques par l'association de lactobacilles dont les propriétés antimicrobiennes sont complémentaires.


Figure 2 : les multiples petits bâtonnets au milieu des grandes cellules vaginales sont les bacilles de Doderlein